Stroke… stroke… stroke…

Battements de cœur troublants… Dès les premières sonorités issues des profondeurs obscures d’une scène qui se dessine progressivement par les jets successifs d’une fumée englobante, une sensation étrangement inquiétante se répand à la vitesse de l’éclair au travers de la salle.

Irrégulier, confus, dérangeant ! Mais quoi ? Littéralement happé dans une forme de bouillonnement originel, magma indistinct, le spectateur est confronté à la fusion de son propre corps avec ceux, morcelés, des danseurs dont les membres occupent progressivement l’espace.
Entre manque et excès, angoisse et jouissance, la scène primitive peut se déployer. Le spectacle commence…

Lentement, les corps prennent vie. Le spectateur reprend sa place en se réappropriant la distance perdue dans une rencontre aussi soudaine qu’inattendue. Le désir devient palpable et teinte l’ambiance d’une chaleur progressive. Transformation graduelle d’une gestuelle archaïque ou d’une mécanique sans âme vers une complexité nouvelle. Humanisation ?

Au doute succède l’exaltation. Rapidement le rythme s’emballe, donnant aux corps des deux danseurs une forme nouvelle. En même temps qu’ils se rapprochent, tournoient, sautent, s’enroulent l’un dans l’autre, une dimension nouvelle les sépare à l’endroit d’une spécificité nouvelle. Différence complémentaire, contraction-relâchement. Sexuation ? La tension monte…

Parallèlement, les mouvements des corps se reflètent dans une musicalité aux sonorités rauques, toujours au bord de la rupture, heureusement contenue avant la désintégration. De l’intensité d’une jouissance sans limites, se dégage une nécessaire structuration. Plaisir. Temporalité.
Les notes se succèdent de façon haletante. Accélération, ralentissement, rétention, expulsion brutale, les courbes du son se matérialisent aux rythmes des échanges corporels. Ascension orgiaque trouvant une apothéose dans une session « jump style », le corpo-réel en devient presque culturel. Passage en trouée aux racines « techno ». Noir, jaune, rouge…

Initiation au voyage, ces mots se retrouveront toujours en excès. Il n’y a ici véritablement qu’une seule chose à faire…

++M++